17 décembre 2008

Les implications de la crise financière de 2008 sur les insitutions internationales

Introduction

La crise financière de 2008 est une crise essentiellement systémique.

Elle est marquée par une crise de liquidité interbancaire et une crise du crédit (credit crunch).
Elle a pris son origine dans « l’excès de confiance » des agents bancaires qui ont accordé des crédits immobiliers à des personnes moins solvables
au sens économique du terme. En d’autres termes, certaines banques américaines ont accordé des prêts hypothécaires à des ménages
aux revenus très modestes (les ” subprime “). Ces ménages ont pu acquérir des biens fonciers (terrains, logements), provoquant ainsi
une demande excessive, et faisant grimper les prix à l’excès. Ce n’est donc nullement pas, au départ, une bulle spéculative
immobilière, mais une bulle financière des crédits octroyés.

Ensuite le système s’est effondré : ces ménages emprunteurs, ayant contracté des prêts surévalués deviennent insolvables. Les biens immobiliers revendus ne recouvrent pas les créances. Le système bancaire va perdre de l’argent en revendant les maisons hypothéquées.

Par le phénomène de la mondialisation, les conséquences sévères du marché de l’immobilier et du crédit vont vite se répandre comme boule de neige sur toute la planète. Elles touchent particulièrement les pays riches. En décembre 2008 près de deux millions
d’américains ont perdu leur travail au cours de l’année, laissant prévoir les pires statistiques depuis 1945.
Le taux de chômage est le plus élevé depuis 15ans (6,7%). Les bourses européennes ont-elles aussi décroché.
Depuis septembre 2008, on a assisté à une chute vertigineuse des bourses du vieux continent.
En France, par exemple, La caisse des dépôts et Consignations, pierre angulaire des plans de soutien de l’Etat à l’économie,
est affectée elle aussi par le Krach boursier, et pourtant elle espérait courant novembre 2008 pouvoir annoncer des bénéfices de
quelques centaines de millions d’euros pour 2008. Mais qu’en est – il des institutions internationales, objets de notre étude ?
Nées à la suite de la crise économique de 1929, vont-elles survivre à celle de 2008 ? Quel impact cette crise aura-t-elle sur
les Institutions internationales ? Y’aura-t-il apparition de nouvelles institutions internationales ?

L’objet de cet article porte sur les implications de la crise financière de 2008 sur les institutions internationales.

Apparues à l’issue d’une crise aussi semblable, je vais évoquer, dans un premier temps, l’origine des institutions financières de
Brettons Woods, ensuite j’étudierai brièvement le rôle joué par les autres organisations celles de la coopération internationale,
et enfin je m’interrogerai sur les conséquences à venir sur le monde, et particulièrement sur les institutions de Bretton Wood


I. Première partie : L’origine des institutions de Bretton Woods

Le FMI et la Banque mondiale sont des institutions jumelles qui font partie du système des Nations Unies.
Elles poursuivent un même but : relever le niveau de vie des pays membres. Leurs approches à cet égard sont complémentaires :
le FMI s'efforce d'assurer la stabilité du système financier international et la Banque mondiale se consacre au développement économique à long terme et à la lutte contre la pauvreté.
C’est en 1944, le 22 juillet, qu’a pris fin la conférence de Bretton Woods.
La Banque mondiale et le Front Monétaire International naîtront à l’issu de cette conférence.

En effet, dès 1941, en pleine seconde guerre mondiale, que débutent l’élaboration et la discussion sur les institutions internationales à mettre en place une fois ce conflit majeur terminé. Au sein de l’administration américaine, Harry White remet en mai 1942 au président Franklin Roosevelt un plan intitulé « Plan pour un fonds de stabilisation des Nations unies et associées et d’une Banque des Nations unies pour la reconstruction et le développement ». Un de ses objectifs consiste à convaincre les nations alliées en lutte contre les puissances de l’Axe (Allemagne, Italie, Japon) qu’une fois la paix venue, des mécanismes devront être mis en place pour empêcher que l’économie mondiale n’entre à nouveau dans une dépression comparable à celle des années 1930. Les faits : Entre 1920 et 1930, les Etats-Unis furent touchés par une profonde dépression économique de plein fouet, avec un effet de contagion sur l’ensemble du capitalisme mondial : en 1931, l’Allemagne interrompt le remboursement de sa dette de guerre à l’égard de la France, de la Belgique, de l’Italie et de la Grande Bretagne. Dans la foulée, ces pays interrompent le remboursement de leur dette extérieure à l’égard des Etats-Unis. De leur côté, les Etats-Unis réduisent radicalement leurs exportations de capitaux en 1928 et surtout en 1931. Simultanément, ils diminuent fortement leurs importations. Conséquence : le flux de dollars des Etats-Unis vers le reste du monde se tarit, les pays endettés à l’égard de la première puissance mondiale ne disposent plus d’assez de dollars pour la rembourser. De même, les dollars leur manquent pour acheter les produits nord-américains. La machine capitaliste mondiale se grippe. Les dévaluations compétitives se multiplient car chaque pays essaye de conquérir des parts de marchés aux dépens des autres. Le monde capitaliste développé s’installe dans une spirale récessive. Une des leçons tirées par le gouvernement des Etats-Unis sous Franklin Roosevelt, c’est qu’un grand pays créancier doit mettre à la disposition des pays débiteurs les devises qui leur serviront à payer leurs dettes. Une autre leçon, audacieuse celle-là, c’est que dans certains cas, il est préférable de faire des dons plutôt que des prêts si un Etat veut que ses industries exportatricestirent un profit maximum et durable.

  1. Les discussions au sein de l’administration Roosevelt

    Dès 1942, l’administration Roosevelt discute activement de l’ordre économique et financier à établir dans l’après-guerre.
    Certaines idées reviennent régulièrement sur la table en matière de dette et de mouvements de capitaux :
    il faut mettre en place des institutions publiques multilatérales qui, face au caractère aléatoire de l’investissement
    international privé, fournissent des capitaux publics. Ces institutions devraient “réglementer les investissements internationaux de
    capitaux privés en prévoyant des possibilités judiciaires et d’arbitrage pour le règlement des différends entre créanciers et
    débiteurs et pour écarter le danger de l’utilisation par les pays créanciers de leurs revendications comme base pour des exigences
    politiques, économiques ou militaires ou illégitimes. » (extrait d’un mémorandum du Conseil des relations étrangères daté du
    1er avril 1942).

  2. Premier projet très ambitieux celui d’Harry White
    Comme indiqué plus haut, Harry White travaille dès 1941 au sein du département du Trésor à l’élaboration d’un plan visant à
    la mise en place de deux grandes institutions multilatérales. Franklin Roosevelt reçoit un premier plan en mai 1942 selon lequel
    il ne faut pas attendre la fin de la guerre pour créer un Fonds de stabilisation des taux de changes (le futur Fonds monétaire
    international) et une Banque internationale pour fournir des capitaux. Il précise : « Deux agences séparées, bien que liées,
    vaudraient mieux qu’une, car une agence s’occupant des deux tâches aurait trop de pouvoir et ferait courir le risque de trop grandes
    erreurs de jugement ». Le Fonds et la Banque devraient rassembler toutes les nations, en commençant par les alliés.
    Le poids relatif de chaque nation membre serait fonction de son poids économique. Les pays emprunteurs devraient faire partie de
    la Banque car cela les motiverait à rembourser. Les deux institutions devraient favoriser des politiques garantissant le plein emploi.
    Le Fonds devrait œuvrer à la stabilité des taux de change, l’abandon progressif des contrôles sur les changes et l’abandon des
    subsides aux exportations. La Banque, elle, devrait fournir des capitaux pour la reconstruction des pays affectés par la guerre et
    pour le développement des régions arriérées ; elle devrait aider à stabiliser les prix des matières premières. La Banque devrait
    prêter des capitaux à partir de son capital propre et disposer de sa propre monnaie : l’unitas. Le projet ambitieux tel que conçu
    par Harry White est profondément revu à la baisse au cours des deux années qui suivent. En effet, Wall Street et le parti
    républicain sont particulièrement hostiles à plusieurs éléments fondamentaux du projet White. Ils ne veulent pas de deux institutions
    publiques fortes qui prétendraient réglementer la circulation des capitaux privés et les concurrenceraient. Franklin Roosevelt
    décide de composer avec eux, ce qui permet de garantir en bout de course que le Congrès ratifie à une large majorité, en 1945, les accords de Bretton Woods de juillet 1944. Les concessions faites par Franklin Roosevelt sont considérables au point qu’elles
    dénaturent le projet original. Et pourtant, Wall Street attendra 1947 avant d’appuyer vraiment la Banque et le Fonds.


En dehors de ces deux institutions, on peut aussi étudier les institutions de coopération internationale


II. Deuxième partie : les organisations de coopération internationale


La perte d'autonomie des politiques économiques nationales pousse les Etats à tenter de mettre en place une coopération internationale
visant entre autre à redéfinir le mode de régulation de l'économie mondiale, soit au travers d'institutions internationales,
soit grâce à une meilleur coordination des politiques nationales. Cette coordination des politiques internationales permettrait
alors d'éviter que les risques systémiques ne s'aggravent dans un monde qui est de plus en plus sensible au déclenchement et à
la diffusion de crises financières et économiques.



  1. L'essor des institutions internationales
    Suite à la première guerre mondiale, un certain nombre d'institutions internationales ont vu le jour.
    Ces dernières années sont caractérisées soit par l'accroissement du rôle joué par ces organismes dans la régulation du fonctionnement
    de l'économie mondiale, soit par une redéfinition de leur mission et de leur mode de fonctionnement pour tenir compte des mutations
    du système financier et économique.
    Ces institutions, parfois décriées pour leurs orientations moins libérales ont pris récemment de l'importance du fait notamment de
    leur intervention dans la résolution des différentes crises ayant secouées l'économie mondiale au cours de ces dernières années.

  2. Les principales institutions internationales :

    • L'Organisation des Nations unies (ONU) est une organisation internationale dont la coopération dans les domaines du droit international, la sécurité internationale, le développement économique,
      le progrès social et les Droits de l'Homme. L'ONU est fondée en 1945 en remplacement de la Société des Nations (SDN),
      pour mettre fin aux guerres entre les pays et pour fournir une plateforme de dialogue.

    • L’Union européenne (UE) correspond à une organisation internationale d’intégration.
      Elle se distingue des organisations de coopération (qui respectent la souveraineté des Etats) par le fait qu’elle repose sur des transferts de souveraineté au profit des institutions de l’Union. Ces prérogatives transférées font de l’UE une véritable structure supranationale

    • L'Organisation mondiale du commerce (OMC, ou World Trade Organization, WTO) est une organisation internationale qui
      s'occupe des règles régissant le commerce international entre les pays. Au cœur de l'organisation se trouvent les Accords del'OMC, négociés et signés à Marrakech par la majeure partie des puissances commerciales du monde et ratifiés par leurs parlements. Le but est d'aider, par la réduction d'obstacles au libre-échange, les producteurs de marchandises et de services, les exportateurs et les importateurs à mener leurs activités. L'OMC a succédé au GATT en 1995 et regroupe plus de 130 pays.
      Le principal acquis de l'OMC est qu'elle dispose d'un système de règlement des désaccords commerciaux pouvant apparaître entre
      certain de ces pays membres.

    • L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO en anglais : Food and Agriculture Organization
      of the United Nations) est une organisation spécialisée du système des Nations unies, créée en 1945 au Québec.
      Son siège est à Rome depuis 1951. La FAO regroupe 190 membres (189 États plus l’Union européenne).
      Son objectif suprême affiché est « Aider à construire un monde libéré de la faim ».

    • L'Institut de relations internationales et stratégiques est un centre de recherche français en relations internationales
      qui s'intéresse tout particulièrement aux questions relatives à la politique étrangère, la stratégie, la sécurité et la défense.

    • Créée en 1959, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE, en anglais OECD : est une organisation internationale
      d'études économiques, dont les pays membres, principalement des pays développés, ont en commun un système de gouvernement
      démocratique et une économie de marché. Elle joue essentiellement un rôle d'assemblée consultative.
      L'OCDE a succédé à l'Organisation européenne de coopération économique (OECE) qui a existé de 1948 à 1960 et qui a joué un rôle
      important dans l'exécution du plan Marshall. En 2007, l'OCDE compte 30 pays membres, regroupe plusieurs centaines d'experts
      dans ses centres de recherche à Paris et publie fréquemment des études économiques — analyses, prévisions et recommandations
      de politique économique — et des statistiques, principalement concernant ses pays membres.

    • Le rôle de l'OCDE est devenu au fil du temps un acteur incontournable de cette concertation internationale puisque cet organisme,
      d'essence libérale, regroupant l'essentiel des pays développés (Pays d'Europe de l'Ouest, Etats-Unis, Canada, Japon, Australie
      et Nouvelle-Zélande) procède à l'évaluation de la situation économique tant conjoncturelle que structurelle de ses pays membres
      à partir de laquelle il va émettre un certain nombre de propositions visant à améliorer la situation existante.
      Afin de tenir compte du développement économique rapide d'un certain nombre de pays en voie de développement,
      l’OCDE compte depuis peu, parmi ses membres, le Mexique (1993), la République Tchèque et la Hongrie (1995) ainsi que la Corée
      du Sud (1996).
    • Le Programme des Nations unies pour le Développement (PNUD) Le PNUD est le réseau mondial de développement dont dispose
      le système des Nations Unies. Il prône le changement, et relie les pays aux connaissances, expériences et ressources dont
      leurs populations ont besoin pour améliorer leur vie.

    • L’Organisation mondiale de la santé (ou OMS), spécialisée de l'ONU pour la santé. Elle dépend directement du Conseil économique
      et social des Nations unies et son siège se situe à Genève, en Suisse.

    • L'UNICEF est chargé par l'Assemblée générale des Nations Unies, de défendre les droits des enfants, d'aider à répondre à
      leurs besoins essentiels et de favoriser leur plein épanouissement. L'UNICEF est l'élément moteur qui aide à construire
      un monde où les droits de chaque enfant seront réalisés.

    • L'Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) est un organisme connexe des Nations Unies destiné à promouvoir et développer le tourisme.

    • L’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (ou Unesco) est une institution spécialisée du
      Système des Nations Unies créée le 16 novembre 1945.

    • Le World Business Council for Sustainable Development (WBCSD) est une coalition, créée en 1995, de 190 compagnies
      internationales unies par un engagement commun de développement durable à travers les trois piliers de la croissance
      économique, de l'équilibre écologique, et du progrès social.

    • ...etc.


  3. La coordination des politiques économiques

    En plus de ces organismes internationaux, qui sont intervenus de plus en plus ces dernières années pour faire face à
    la multiplication des crises financières de certains pays, il apparaît de plus en plus nécessaire de prévenir l'apparition de ces
    dysfonctionnements en accentuant la coordination internationale des politiques économiques. L'interdépendance croissante des
    économies pousse les décideurs à se concerter soit dans un cadre formel, soit au travers de groupes de réunion organisés périodiquement
    entre un certain nombre de pays.


En effet, en parallèle à ces instances de concertation, des réunions informelles réunissent régulièrement un certain nombre de pays.
A l'occasion de ces réunions, les pays participants abordent la situation économique conjoncturelle et mettent en place des concertations portant sur différents domaines relevant de la régulation de l'économie mondiale. Le G7, regroupant les principaux pays développés du monde s'est progressivement élargi à un certain nombre de pays, d'une part pour ne pas être accusé de constituer une sorte de "directoire mondial" cherchant uniquement à favoriser les intérêts de ces pays membres, et d'autre part, pour tenir compte de l'arrivée de nouveaux acteurs de poids dans la nouvelle division internationale du travail. G7, G8 voire G20, ces forums de discussions sont en train de devenir de véritables lieux de concertation qui permettent une meilleure coordination
des politiques économiques.

  • Le G20 ou groupe de 20 pays les plus riches

    En novembre 2008, deux mois après le Krach de Wall street les pays du G20 se sont promis « d’accroître leurs exigences en matière
    de transparence sur les produits financiers complexes ». Ils se sont promis aussi de rejeter le protectionnisme dans les 12 mois à
    venir, s’abstenir d’ériger de nouvelles barrières à l’investissement et au commerce des biens et services.
    « Nous nous efforcerons de parvenir cette année à un accord sur des modalités conduisant à la conclusion de l’agenda pour
    le développement de DOHA de l’OMC avec un résultat ambitieux et équilibré ». Le libre échange et la mondialisation financière
    pourront se prévaloir de l’aval de gouvernements du reste du monde, et cela constituera une conclusion singulière –
    et certainement provisoire – de la tempête économique.



III. Les implications de la crise


  1. L’impact de la crise sur les trois groupes des pays



    1. La crise financière et les pays industrialisés

      Ce qui caractérise les économies industrialisées modernes dans le nouveau capitalisme sont des économies de crédit.
      D’une part, les entreprises de production financent essentiellement sur crédits bancaires leurs cycles d’investissement et d’exploitation ; d’autre part, les ménages eux-mêmes ont de plus en plus recours au crédit pour financer leur consommation, au point qu’un grand nombre d’entre eux se trouvent surendettés. Si dans le cas des entreprises et pour ce qui est du cycle investissement, le recours au crédit paraît naturel en raison même de l’importance des fonds à mobiliser, il est déjà plus problématique pour elles de recourir plus que de raison au crédit bancaire pour le financement de leur cycle d’exploitation. En situation de détérioration de leur trésorerie pouvant résulter de nombreux facteurs, les entreprises n’ont d’autre choix que de recourir davantage encore au crédit à court (voire à très court) terme – évidemment très coûteux – pour faire face à leurs
      engagements pressants.
      Lorsque la crise financière s’installe, les entreprises sont encore plus exposées au risque de raréfaction du crédit et à l’augmentation de son coût, ce qui les place devant la nécessité de réduire leurs charges – y compris en limitant leur activité productive en mettant au chômage technique une partie de leurs salariés – pour finir par déposer leur bilan afin d’éviter d’avoir à honorer leurs engagements les plus immédiats. Mais c’est en reportant leur programme d’investissement (de renouvellement ou d’extension) – voire en y renonçant – que les entreprises transmettent in fine à l’ensemble des économies industrialisées leurs difficultés, celle-ci entrant alors en récession ouverte. Quant au crédit à la consommation, plus qu’une simple commodité, il renvoie en fait à la faiblesse de la part des revenus salariaux.
      Quand le crédit se resserre, la consommation fléchit et les prémices d’une surproduction apparaissent pour transformer la crise financière en une récession durable, voire en une dépression de grande ampleur. La contraction de la demande en biens de consommation ne manquera pas de se répercuter sur l’investissement et donc sur l’emploi. De fait, c’est bien ce qui se produit en ce moment même (4ème trimestre 2008) aux Etats-Unis et en Europe où de grands constructeurs automobiles envisagent de réduire leur production, de fermer temporairement des usines ou de reporter des investissements programmés, tandis qu’un nombre impressionnant de PME mettent la clé sous la porte sous la pression des évènements. Bien évidemment, c’est sur les salariés que l’essentiel des difficultés va s’abattre tant en raison de ces fermetures d’usines que de la restructuration des systèmes productifs qui s’ensuivront (y compris sous forme de délocalisation d’industries).


    2. Crise financière et pays émergents

      La principale caractéristique des pays dits émergents est de réaliser des taux de croissance élevés, expression à la fois d’un développement accéléré mais retardataire de leur industrie. Durant la décennie 1990, caractérisée par ce que les économistes de
      la Banque mondiale et du FMI ont appelé l’intégration financière internationale, la plupart de ces pays avait d’abord bénéficié d’un afflux de capitaux étrangers venus accroître les capacités propres de financement de leurs économies (épargne domestique). Ces capitaux se sont révélés particulièrement volatils en raison de leur caractère spéculatif et se sont retirés aussi vite qu’ils ont afflué dès que sont apparues les prémices d’un décalage entre les capacités d’absorption de l’économie réelle (limitées) et les capacités de financement ainsi accumulées. Ainsi, si la crise financière actuelle devait se propager jusqu’aux pays émergents, ce serait moins en raison d’une position extérieure nette négative (engagements supérieurs aux avoirs) comme ce fut le cas au cours de la décennie 1990, que d’une position extérieure nette positive (avoirs supérieurs aux engagements). C’est du moins le cas pour les pays de l’Asie du Sud-Est et de la Russie pour ne rien dire de la Chine, nouveau venu sur la scène économique mondiale.
      La récession viendrait moins, pour eux, de la dévalorisation de leurs avoirs à l’extérieur par le double effet de la dépréciation du dollar et de la dévalorisation du capital des fonds d’investissement dans lesquels ils ont placé leurs excédents d’épargne, que de la perte des marchés extérieurs consécutive à la contraction de la demande externe en provenance des Etats-Unis et de l’Europe. Toutefois, les pays émergents ont un atout qui devrait limiter, voire éliminer les effets de la crise financière mondiale sur leurs économies : c’est le formidable potentiel de demande que constitue leur propre population.


    3. La crise financière et les pays en voie de développement

      Toute autre est la situation des pays sous-développés. Certains, à l’exemple des pays pétroliers, ont des revenus considérables qu’ils ne trouvent pas à employer autrement qu’en les plaçant en bons du trésor américain ou dans les fonds d’investissement qui entretiennent la spéculation sur les marchés financiers ; d’autres, dépourvus de ressources, sont dans un état de dénuement tel qu’ils dépendent en partie de l’aide alimentaire internationale, en partie de l’aide financière des organismes multilatéraux (FMI, Banque mondiale, Union européenne). Les premiers seront doublement touchés par la crise financière internationale actuelle en raison tant de la dépréciation du dollar (monnaie des règlements internationaux et monnaie de réserve à l’échelle mondiale) que de la perte partielle de leurs réserves de change placées dans des fonds d’investissement. Les seconds verront l’aide alimentaire et l’aide financière diminuer tant en raison de l’assèchement des ressources financières des donateurs, que de la contraction des excédents d’offre des pays industrialisés qui alimentent l’aide. En l’absence d’une offre domestique à hauteur de la demande interne potentiellement extensive ces pays connaîtront sans doute des tensions sociales d’autant plus graves au cours des mois – voire des années– à venir.


  2. Va-t-on vers une refonte totale des institutions internationales ?

    Dans un contexte de crises financière, climatique et alimentaire sans précédent, à la veille du sommet du G20 tenu le 15 novembre à Washington, les représentants des 10 000 ONG de 82 pays ont organisé pour la première fois un Forum international des coalitions nationales d’ONG. A cette occasion, les participants ont appelé l’Europe à défendre une réforme de la gouvernance mondiale qui soit au service des populations les plus vulnérables. Dans leurs « Messages du monde à l’Union européenne », les ONG appellent l’UE à revoir l’ensemble de ses politiques commerciales, agricoles, environnementales et économiques afin qu’elles contribuent à un véritable développement durable, au nord comme au sud, et à la lutte contre les inégalités
    Réunis à Paris le jeudi 30 octobre, à l’appel de Coordination SUD, la coordination nationale des ONG françaises de solidarité internationale, les représentants de 10 000 ONG ont remis à M. Joyandet, Secrétaire d’Etat à la Coopération et à la Francophonie, une feuille de route pour une Europe solidaire & responsable dans les négociations internationales. A l’heure où les Etats s’interrogent sur la nécessité de réguler la mondialisation par une réforme des institutions financières internationales (Banque mondiale, Fond Monétaire International, etc.), les ONG du monde appellent l’Europe à garantir une participation réelle des pays les plus pauvres dans les instances internationales. Henri Rouillé d’Orfeuil, président de Coordination SUD, propose « la mise en place d’un cahier des charges social, environnemental et culturel susceptible d’encadrer les stratégies des acteurs économiques lors des discussions sur la refonte des institutions internationales». Bakary Doumbia, président de la FECONG (Plate-forme des ONG du Mali), fait remarquer que « La coopération au développement européenne privilégie la lutte contre l’immigration illégale, la promotion des intérêts des entreprises européennes et la lutte contre le terrorisme, au lieu de renforcer les politiques d’éducation, de santé et d’égalité entre les hommes et les femmes. ». Quant à Pour Mike Mathias, président du forum politique de CONCORD (Confédération européenne des ONG d’urgence et de développement), « le modèle européen de développement doit être remis à plat. La planète ne peut pas assumer le mode de consommation des classes aisées mondiales. Ce modèle basé sur la seule croissance économique ne permet pas de mieux répartir les richesses. »



Nous n’oublierons pas que Harry White a stipulé dans ses propositions à Franklin Roosevelt, recommandant la constitution de la BIRD et le FMI, que « Le poids relatif de chaque nation membre serait fonction de son poids économique ».





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