03 septembre 2012

Comores Telecom, un outil pour la sécurité et la souveraineté nationales

Les échanges qui alimentent le débat sur la privatisation de Comores Telecom risquent d'en faire un sujet à polémique. C'est un sujet sérieux. Il mérite notre attention à tous. Le personnel de Comores Telecom s'est longuement exprimé à travers une lettre ouverte sur la privatisation de leur entreprise, notre bien à tous. Les salariés de Comores Telecom ont manifesté leurs craintes et s'opposent à la privatisation. Je me joins à eux. Je rejoins ceux qui sont contre la privatisation de Comores Télécoms et j’en appelle à notre conscience collective. Nous devons nous rassembler avec force pour nous battre contre cette privation de notre patrimoine, seul bien national qui reste encore en état de marche, d'autant plus que les arguments que l’on nous tient pour céder cette société d’Etat sont très légers.

En effet, alors que tous les pays africains procédaient à la privatisation de leurs services de télécommunications, c’est vrai c’est le cas de Madagascar comme l’a souligné Monsieur OUBEIDI MZEE CHEI,  Djibouti s’est contenté de doter son entreprise publique d’un statut de Société Anonyme, sans procéder à la mise en vente. Djibouti Telecom, propriété de l’Etat, fait donc aujourd’hui figure d’exception dans le paysage africain, voire international. Djibouti Telecom a mis en place une stratégie originale, conforme à sa spécificité géographique et à la culture de hub développée dans les autres secteurs. Djibouti Telecom fournit aujourd’hui un câble de fibre optique qui relie maintenant Addis-Abeba et deux tiers du web éthiopien, e qui lui assure une nouvelle source de revenus. Fort de sa position stratégique sur ces autoroutes de l’information, Djibouti s’est doté d’un puissant raccordement au câble sous-marin qui relie la Grande Bretagne à l’Inde. Voila un contre exemple pour TELMA de MADAGASCAR. Le même cas s’est produit aux Seychelles. La Banque mondiale et le FMI ont souhaité faire privatiser l’enseignement. Le ministre de l’éducation nationale a tenu tête.

Aussi, si effectivement, parmi les raisons nous permettant d’atteindre le point d’achèvement en décembre, il faut privatiser Comores Telecom, alors que cette société est capable de payer plus 6 milliards FC par an de taxes et impôts à l’Etat, alors il faudrait que nos autorités aillent renégocier les conditions et voir ce que d’autres pays ont fait.

En revanche, ma plus grande inquiétude sur ce débat est ailleurs.
Comores Telecom relève de la sécurité nationale. Comment peut-on laisser à la portée de tout le monde un outil aussi stratégique, hautement stratégique, que les télécommunications dans un pays comme le notre ? Se rend-on compte que nous sommes situés dans le canal de Mozambique et nous sommes voisins de la 5ème puissance mondiale, la France sous couvert de l'île de la Réunion, en quête d'hégémonie ?  Ne nous a-t-on pas dit d'ailleurs que la France a installé en 2001 le système Essaim, les "grandes oreilles" de la France, à Mayotte ? Si l'on pense que les temps des coups d'états et du séparatisme sont révolus et qu'aucune instabilité de nature politique ne viendrait perturber notre tranquillité, en est-il de même pour l'espionnage économique ? Beït-Salam est-il doté des moyens pour protéger  les conversations du Président de la république sans passer par Comores Telecom ?
Avec les moyens technologiques dont nous disposons, beaucoup moins avancés, certes, Comores Telecom, seul outil à la disposition de l’Etat, relève de la souveraineté nationale. Nous ne pouvons pas nous priver d'une partie de notre souveraineté nationale.

Par ailleurs, l’ancien Ministre des Finances, OUBEIDI MZE CHEI, Secrétaire Permanent du CREF, en réponse à la lettre ouverte du personnel de Comores Telecom, défend la privatisation de la société d’Etat. Son argumentation - oh combien légère - s'appuie essentiellement sur la mauvaise gestion de la société. Il met en cause les orientations prises par les dirigeants de Comores Telecom tant sur le plan de la rentabilité que sur le plan technique. Sans faire allusion à l’opacité que la société connait. Mais Est-ce que cet ancien Ministre des Finances, Conseiller du Président de l’Union, Secrétaire permanent du CREF a-t-il déjà plaidé auprès des Présidents Sambi et Ikililou, pour une bonne gouvernance de Comores Telecom ? A-t-il déjà préconisé aux Chefs des Gouvernements auxquels il a appartenu le changement des instances dirigeantes de cette société ? S’il s’est tu, comme il s’est tu, ne pense-t-il pas qu’il a contribué à faire de Comores Télécom, un Etat dans l’Etat ? N’aurait il pas fallu tout simplement nommer aux instances dirigeantes de la société des personnes compétentes ?

Pour rester sur le volet de rentabilité, si l’on se tient à l’argument du personnel de Comores Telecom qui est de dire qu’en 2010, 12 milliards 595 millions FC ont été prélevés sur les Comptes de Comore Telecom, soit plus de 50% du Chiffre d’affaires (21 milliards 89 millions FC) et que la société n’a pas mis les clés sous le paillasson mais elle est arrivée à assurer son fonctionnement en 2010 en payant les salaires, les emprunts et autres  investissements, aussi farfelus soit-il, (la construction des centres commerciaux) alors nécessairement on ne doit pas changer forcément de propriétaire, on doit plutôt changer de dirigeant pour rendre cette société rentable et compétitive.

Ensuite, le discours tenu par Monsieur OUBEIDI MZE CHEI à l’égard des salariés qui seront remerciés à l’issu de cette privatisation est digne d’un Chef d’entreprise britannique ou américaine mais pas d’un homme politique, qui est encore aux responsabilités. «Quelqu'en soit les décisions, les mesures respectant les droits des travailleurs seront strictement respectés »,  écrit-il. Oui, Bien sûr ! Par cette phrase, il veut dire tout simplement que les investisseurs qui prendront possession de l’entreprise (et à qui reviendront environ le tiers des fruits de la privatisation) verseront les droits des salariés qui seront dégagés et les  renverront chez eux. En lisant cela, ça m’a fait froid au dos : Le Pouvoir en place auquel le Secrétaire permanent du CREF appartient ne se donne aucune obligation d’emploi à l’égard du peuple comorien. Enseignement : avec la mouvance, le taux de chômage restera très longtemps très haut

Enfin, alors que Mr OUBEIDI avance que le Chiffre d’Affaires de la société est en forte progression : +72% par rapport à 2006 et que la rentabilité est moindre. Est-ce que avec ce seul argument la solution est de privatiser Comores Telecom ou plutôt de changer les dirigeants de la société ? N’est ce pas le moment de prendre vos responsabilités en tant que Secrétaire permanent du CREF et Conseiller du Président de l’Union pour faire adopter d’autres orientations pour le bien de cette société et de notre pays ?

Saïd Hamidou ALLAOUI

Président du club de rélexion ULEZI
Coordinateur régional de Diascom Rhône Alpes





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