En effet, alors que tous les pays africains procédaient à la
privatisation de leurs services de télécommunications, c’est vrai c’est le cas
de Madagascar comme l’a souligné Monsieur OUBEIDI MZEE CHEI, Djibouti s’est contenté de doter son
entreprise publique d’un statut de Société Anonyme, sans procéder à la mise en
vente. Djibouti Telecom, propriété de l’Etat, fait donc aujourd’hui figure
d’exception dans le paysage africain, voire international. Djibouti Telecom a
mis en place une stratégie originale, conforme à sa spécificité géographique et
à la culture de hub développée dans les autres secteurs. Djibouti Telecom
fournit aujourd’hui un câble de fibre optique qui relie maintenant Addis-Abeba
et deux tiers du web éthiopien, e qui lui assure une nouvelle source de
revenus. Fort de sa position stratégique sur ces autoroutes de l’information, Djibouti
s’est doté d’un puissant raccordement au câble sous-marin qui relie la Grande
Bretagne à l’Inde. Voila un contre exemple pour TELMA de MADAGASCAR. Le même
cas s’est produit aux Seychelles. La Banque mondiale et le FMI ont souhaité
faire privatiser l’enseignement. Le ministre de l’éducation nationale a tenu
tête.
Aussi, si effectivement, parmi les raisons nous permettant
d’atteindre le point d’achèvement en décembre, il faut privatiser Comores
Telecom, alors que cette société est capable de payer plus 6 milliards FC par
an de taxes et impôts à l’Etat, alors il faudrait que nos autorités aillent
renégocier les conditions et voir ce que d’autres pays ont fait.
En
revanche, ma plus grande inquiétude sur ce débat est ailleurs.
Comores Telecom relève de la sécurité nationale.
Comment peut-on laisser à la portée de tout le monde un outil aussi
stratégique, hautement stratégique, que les télécommunications dans un pays
comme le notre ? Se rend-on compte que nous sommes situés dans le canal de
Mozambique et nous sommes voisins de la 5ème puissance mondiale, la France sous
couvert de l'île de la Réunion, en quête d'hégémonie ? Ne nous a-t-on pas dit d'ailleurs que la
France a installé en 2001 le système Essaim, les "grandes oreilles" de la
France, à Mayotte ? Si l'on pense que les temps des coups d'états et du
séparatisme sont révolus et qu'aucune instabilité de nature politique ne
viendrait perturber notre tranquillité, en est-il de même pour l'espionnage
économique ? Beït-Salam est-il doté des moyens pour protéger les conversations du Président de la
république sans passer par Comores Telecom ?
Avec les moyens technologiques dont nous disposons,
beaucoup moins avancés, certes, Comores Telecom, seul outil à la disposition de
l’Etat, relève de la souveraineté nationale. Nous ne pouvons pas nous priver
d'une partie de notre souveraineté nationale.
Par
ailleurs, l’ancien Ministre des Finances, OUBEIDI MZE CHEI, Secrétaire Permanent du CREF, en
réponse à la lettre ouverte du personnel de Comores Telecom, défend la privatisation
de la société d’Etat. Son argumentation - oh combien légère - s'appuie
essentiellement sur la mauvaise gestion de la société. Il met en cause les
orientations prises par les dirigeants de Comores Telecom tant sur le plan de
la rentabilité que sur le plan technique. Sans faire allusion à l’opacité que
la société connait. Mais Est-ce que cet ancien Ministre des Finances,
Conseiller du Président de l’Union, Secrétaire permanent du CREF a-t-il déjà plaidé
auprès des Présidents Sambi et Ikililou, pour une bonne gouvernance de Comores
Telecom ? A-t-il déjà préconisé aux Chefs des Gouvernements auxquels il a
appartenu le changement des instances dirigeantes de cette société ? S’il
s’est tu, comme il s’est tu, ne pense-t-il pas qu’il a contribué à faire de Comores
Télécom, un Etat dans l’Etat ? N’aurait il pas fallu tout simplement nommer aux
instances dirigeantes de la société des personnes compétentes ?
Pour rester sur le volet de
rentabilité, si l’on se tient à l’argument du personnel de Comores Telecom qui
est de dire qu’en 2010, 12 milliards 595 millions FC ont été prélevés sur les
Comptes de Comore Telecom, soit plus de 50% du Chiffre d’affaires (21
milliards 89 millions FC) et que la société n’a pas mis les
clés sous le paillasson mais elle est arrivée à assurer son fonctionnement en
2010 en payant les salaires, les emprunts et autres investissements, aussi farfelus soit-il, (la
construction des centres commerciaux) alors nécessairement on ne doit pas
changer forcément de propriétaire, on doit plutôt changer de dirigeant pour
rendre cette société rentable et compétitive.
Ensuite, le discours tenu par Monsieur
OUBEIDI MZE CHEI à l’égard des salariés qui seront remerciés à l’issu de cette privatisation
est digne d’un Chef d’entreprise britannique ou américaine mais pas d’un homme
politique, qui est encore aux responsabilités. «Quelqu'en
soit les décisions, les mesures respectant les droits des travailleurs seront
strictement respectés », écrit-il.
Oui, Bien sûr ! Par cette phrase, il veut dire tout simplement que les
investisseurs qui prendront possession de l’entreprise (et à qui reviendront
environ le tiers des fruits de la privatisation) verseront les droits des
salariés qui seront dégagés et les renverront
chez eux. En lisant cela, ça m’a fait froid au dos : Le Pouvoir en place
auquel le Secrétaire permanent du CREF appartient ne se donne aucune obligation
d’emploi à l’égard du peuple comorien. Enseignement : avec la mouvance, le
taux de chômage restera très longtemps très haut
Enfin, alors que Mr OUBEIDI avance
que le Chiffre d’Affaires de la société est en forte progression : +72%
par rapport à 2006 et que la rentabilité est moindre. Est-ce que avec ce seul
argument la solution est de privatiser Comores Telecom ou plutôt de changer les
dirigeants de la société ? N’est ce pas le moment de prendre vos
responsabilités en tant que Secrétaire permanent du CREF et Conseiller du
Président de l’Union pour faire adopter d’autres orientations pour le bien de
cette société et de notre pays ?
Saïd
Hamidou ALLAOUI
Président du club de rélexion ULEZI
Président du club de rélexion ULEZI
Coordinateur
régional de Diascom
Rhône Alpes