22 janvier 2014

 ComoresPlus s'est entretenu avec Saïd Hamidou ALLAOUI, Président du Club de Réflexion ULEZI
(Article publié le 24 novembre sur Comores Plus)

Aujourd’hui, l’état de lieu de l’union des Comores réveille ses enfants de l’intérieur comme de l’extérieur. Un des enfants de la diaspora, Saïd Hamidou ALLAOUI, qui est aussi président du club de réflexion « ULEZI » répond aux questions de COMORESplus.

COMOREplus : Vous êtes aux manettes du club de réflexion ULEZI de cela un an et demi, pouvez-vous nous présenter le club, ses missions, ses réalisations et ses finalités ?

Saïd Hamidou ALLAOUI : ULEZI est un club de réflexion à vocation politique dont l’objectif est de réunir les différentes énergies et synergies comoriennes en vue de réfléchir et proposer des solutions adéquates pour améliorer le quotidien du peuple comorien vivant aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. ULEZI se donne pour missions de participer à l’animation de la vie politique comorienne à travers un programme de développement responsable et ambitieux. Les prises de position, le recrutement et la formation des militants, la promotion des valeurs incarnées par son projet de société, l’information et la mobilisation de l’opinion publique autour de ses visions sont orientées vers le développement dans un objectif de faire des Comores un pays prospère, juste et solidaire. ULEZI érige le travail, la justice sociale, le savoir-faire, la compétence, le mérite, l’équité et l’écologie comme valeurs de base pour son programme politique de développement et de bonne gouvernance. Ulezi poursuit les objectifs suivants :
  • La mise en oeuvre d’une politique économique et sociale de type progressiste et libéral, dans le respect des droits légitimes des travailleurs
  • Réfléchir à la situation socio-politique et économique des Comores et contribuer par des propositions concrètes à son évolution, dans un esprit d’équité et de justice sociale
  • Réfléchir sur le rôle et la place de la diaspora pour le développement des Comores et préconiser des solutions pour y parvenir
  • OEuvrer à la formation des futurs cadres et dirigeants comoriens à l’esprit de bonne gouvernance et de responsabilité.
  • Promouvoir l’unité et l’intégrité nationale,
  • Promouvoir des valeurs morales et sociales d’unité, de fraternité, de paix, d’équité, de solidarité et de responsabilité au sein de la société comorienne,
  • Contribuer à l’édification d’un État de droit et d’une société démocratique et pluraliste.
Dans un souci de poursuivre les objectifs énoncés ci-dessus Ulezi a organisé, dans le cadre de la célébration de la fête de l'indépendance des Comores, le 06 juillet 2013 à Montbéliard un séminaire dont les thèmes portaient sur
  1. la place de la diaspora comorienne dans la vie socio-politique du pays,
  2. le bilan de la présidence tournante,
  3. l’histoire politique des Comores de 1950 à 1975, et sur ce point nous avons déplacé un historien connu sous le nom de Lou Belletan.
J'ai par ailleurs donné une conférence sur la croissance économique aux Comores et la politique de l'emploi au nom du club Ulezi, le 30 septembre dernier, à la Maison de l'emploi à Moroni, capitale de notre cher pays. 
Nos finalités : éveiller la conscience de nos concitoyens et oeuvrer pour le développement socio-économique des Comores
CP : En quoi ULEZI se diffère des autres groupements politiques créés à l’hexagone ?
SHA : Par tout ce que je viens de dire, déjà.
Notre priorité c’est le développement économique et social et cela passe par l’emploi
Notez que notre devise est HAZI HAKI MAYENDELEYO (Travail, Equité, Progrès). Notre cheval de bataille est de développer l'emploi et donc d'enrayer le fléau du chômage en privilégiant toutes les pistes nous menant vers la croissance économique. Nous sommes persuadés que si nous résolvons le problème du chômage, si les Comores trouvent le chemin de la croissance économique, nous pourrons mieux repartir la richesse nationale et nous lutterons efficacement contre la corruption qui sévit dans notre pays.
CP: Le club ULEZI se propose d’améliorer le quotidien du comorien d’ici et d’ailleurs. Quelles solutions
proposez-vous à la diaspora ? S’agit-il de la même recette que le FECOM ou des nouveaux menus sont sur la carte ?
SHA : LA FECOM que je sache est une association apolitique et n'est donc pas comparable à ULEZI qui est un club de réflexion à vocation politique. S'agissant des solutions que nous proposons à la diaspora, lors du séminaire cité ci haut qui s'est tenu à Montbéliard, nous avons étudié en profondeur les atouts et les faiblesses de la diaspora afin de déterminer sa place et ses attentes dans la vie socio-politique du pays. Et de cette étude il en est ressorti que le poids de la diaspora comorienne en termes de ressources humaines, intellectuelles, professionnelles et sa contribution au développement économique du pays est considérable. Malheureusement ni elle, ni nos dirigeants ne parviennent pas à tirer profit. Ainsi afin d'identifier les atouts et les attentes de la diaspora nous avons mis en avant un certain nombre d'actions prioritaires à entreprendre telles que la création d’un organe représentatif de la diaspora devant réfléchir entre autres sur des solutions concrètes et satisfaisantes notamment concernant
  1. les transports des biens et des personnes entre les Comores et notre pays hôte;
  2. le droit de vote dès 2016 ;
  3. la présence d'un ou plusieurs représentants issus de la diaspora à l’assemblée nationale,
  4. l'installation d’un consulat à Marseille ;
  5. la mise en place des maisons des Comores dans les agglomérations françaises à forte présence comorienne, etc...
CP : Le thème de prédilection du club est l’emploi, or, l’éducation, l’apprentissage, la formation professionnelle ne font pas écho sur votre projet, pouvez-vous nous décrire la « boite à outil » pour la création d’emploi aux Comores ?
SHA : Je ne peux pas vous laisser dire que ces thèmes ne font pas écho dans notre projet. Notre club prend au sérieux la question de l’éducation ; l’éducation est la clef de voûte d’une Nation. N’est-ce pas Victor Hugo qui, interpelé par ses paires au sujet de l'éducation écrivit:" ouvrez une école, vous fermerez une prison" ? Sur le point de l’éducation, d’une manière très brève, j’évoquerai les deux points suivants :          
  1. La prise en compte d'une révision globale de notre système éducatif par une nouvelle loi d'orientation et de programmation. En effet, notre système éducatif est à bout de souffle. Le premier perdant c'est le jeune comorien. Songez à la baisse du niveau des élèves, à la formation de maîtres, à la déferlante multiplication des écoles privées que je nomme épiceries scolaires, à ces jeunes laissés sur le trottoir après le bac faute d'une prise en charge ou d'un tuteur ou encore à tous ces profs aux diplômes douteux....
  2. La création d'un CIO (centre de documentation et d'orientation) qui aura la lourde tâche d'assurer le suivi des élèves post 3ème et post bac. Ce volet nécessitera bien sûr des centres de formations dans chaque île, dans chaque région (Nord, centre, Est, Ouest) et une relance partenariale élargie aux pays amis.
S’agissant de notre « boite à outils » pour la création de l’emploi, comme je l'ai dit il y a quelques instants, mettre en avant le développement socio-économique par la recherche des solutions devant nous apporter la croissance économique et donc résoudre le problème du chômage est un tout. Le thème de l’éducation que vous évoquez là (si vous me permettez) fait partie du package, et vous allez comprendre comment, si vous me donnez le temps.
En effet, la boite à outils dont vous faites allusion ici comprend des mesures structurelles et des mesures
conjoncturelles. L'ensemble de ces mesures doivent être mises en place à travers une politique monétaire
compétitive, une politique budgétaire ambitieuse et responsable et une politique fiscale efficace.
Comment agir sur la croissance économique ? En adoptant des reformes structurelles. De ce fait il faut :

1 ) agir sur la demande 
- réactualiser le droit de travail comorien,
- la formation (La formation continue, professionnelle et la formation par alternance (pour les jeunes) permettent d’adapter l’offre à la demande de travail
2) développer et revisiter la politique budgétaire et fiscale
3) réorienter mieux les dépenses publiques et l'investissement
a. à travers une politique des grands travaux (infrastructures routières portuaires et
aéroportuaires, hôpitaux, écoles, les symboles nationaux etc..., informatisation de toutes
les directions et ministères, opter pour la transition énergétique …)
b. En matière de dépenses publique, (Dans ce volet, plusieurs centaines d’emploi sont prévisibles, et les fonds versés par l’Etat dans ce cadre participent à la politique de la relance économique)
En somme, nous rejoignons le débat actuel dans les pays occidentaux : relance ou rigueur. Je suis conscient que c’est une politique différente de celle préconisée par le FMI et la Banque Mondiale.
S'agissant des mesures conjoncturelles, brièvement, il convient de relancer la consommation pour les particuliers et l'investissement pour les entreprises et pour ce faire il faut faire tourner la planche à billets et créer la monnaie (ceci avec les limites que nous connaissons tous, notre pays n'a pas encore acquis sa souveraineté monétaire. Il va falloir se battre pour ...). Sachez que c'est cette politique qui est poursuivie par B. OBAMA. Ben Bernanke, président de la banque centrale des États-Unis arrose l’économie américaine par des billets de banque pour une politique de relance; c'est la même politique qui est appliquée par Shinzo Abé, 1er ministre japonais depuis le 26/12/2012. C'est la boite à outils que François Hollande a évoquée dernièrement lors dans une interview à la télévision française (le 14 juillet 2013) dans sa tentative d'inverser la courbe du chômage dans son pays. Je pense que je vous ai décrit ici d'une manière détaillée "la boite à outils" que ULEZI compte mettre en place si d'aventure il devait être aux manettes
CP : Le transport est le parent pauvre de votre projet de société, croyez-vous que les Comores ne méritent pas mieux dans ce secteur ou votre expérience de « Massiwa air » dont vous étiez un des précurseurs fait de ce secteur votre bête noire ?
SHA : Le secteur des transports aériens n'est pas ma bête noire. C'est une des principales préoccupations de ULEZI. Nous nous attelons à trouver les solutions devant être mis en place en faveur de la diaspora comorienne de France, je l'ai indiqué ci-haut. Le développement des Comores passe par son désenclavement. Ceci est possible par la mise en place, dans un premier temps, d'une ligne directe effectuée de préférence par une compagnie idéalement nationale. La révision de nos différents accords aériens s'impose. Qu'est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire que nous devons élaborer un partenariat entre le Gouvernement comorien et une compagnie aérienne "française" compétente. Ce partenariat « gagnant – gagnant » aura pour objectif à moyen ou à long termes, le transfert de compétences en échange d’une "5ème liberté" pour une durée déterminée afin d’aboutir à une solution pérenne : la création d’une compagnie aérienne nationale comorienne. Cette proposition, je l'ai formulée au Chef de l'Etat le Président Ikililou Dhoinine lors de son passage à Lyon quand il est venu à la rencontre de la diaspora comorienne de France.
Par ailleurs, pour venir à Masiwa Air, ce que je viens de dire ici et maintenant était valable il y a 11 ans quand j'ai voulu avec quelques amis et compatriotes comoriens monter une compagnie aérienne de droit français, Masiwa Air. Cette "société privée française" a été montée pour la dignité des comoriens de la diaspora afin de nous éviter la bastonnade, tout le monde s'en souvient, que nous subissions à Sannah. Nous avons échoué à cause du conflit des compétences qui opposait les Présidents Azali et El-Back. Nous avons été ruinés et les compatriotes qui avaient réservé leurs places ont subi des conséquences pécuniaires. Aujourd’hui, "l'Histoire est en marche, il faut la prendre par la main pour que les choses avancent dans le bon sens". Et, aussi, à chaque instant il faut être en mesure d'inscrire quelque chose dans le marbre car comme l'a dit le Mongozi Ali Soilih "YE TAREHI NDO HAKIMU".
CP : Derrière la motivation du club pour le décollage des Comores, se cache-t-il une ambition politique ? Une candidature aux couleurs d’ULEZI aux élections présidentielles de 2016 ?
SHA : Comme je l'ai indiqué ci-haut Ulezi est un club de réflexion à vocation politique. ULEZI se donne pour missions de participer à l’animation de la vie politique comorienne à travers un programme de développement responsable et ambitieux. Les couleurs de ULEZI seront forcément représentées lors des prochaines échéances électorales de 2016. Le meilleur porteur parmi les membres de notre organisation sera candidat pour défendre devant nos compatriotes notre projet de société.
CP : Pour finir, quel est votre vœu le plus cher pour l’union des Comores ?
SHA : La Guinée Equatoriale a célébré le 12 octobre courant ses 45 ans d'indépendance. Marqué par de profondes mutations économiques et sociales, la Guinée Equatoriales a fait le pari du développement économique et social et veut être le phare de l'Afrique à l'Horizon 2020. Son Président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo montre que, d’un pays pauvre à vocation agricole, la Guinée Equatoriale est devenue un pays dont la stabilité politique et économique ainsi que sa richesse en ressources naturelles, suscitent un intérêt croissant de la part des entreprises étrangères. Donc tout est possible.
Je formule en conséquence le même vœu pour mon pays, et le club ULEZI est prêt à faire le pari du
développement économique et social pour que les Comores deviennent à terme, dans les 10/15 ans à venir le phare des pays du canal de Mozambique et de l'Océan Indien, voire de l'Afrique. Je prie à Allah de faire de mon pays la nation de l'excellence environnementale, la nation de la justice sociale, un Etat démocratique à l'abri de la convoitise, l'argent facile et la corruption. Je prie à Dieu de faire des Comores un pays fort prospère, juste et solidaire suscitant un intérêt croissant aux investisseurs étrangers
CP : L’équipe de COMORESplus vous remercie, monsieur le président
SHA : Je vous remercie

Propos recueillis par Abdeldjawad Abdou

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