14 septembre 2009

Ramadhan, des actes qui invalident le jeûne

Question

Comment le jeûne est-il invalidé ?
Est-ce que les actes suivants invalident le jeûne : les injections, se mettre le doigt dans l’oreille, les examens vaginaux, se rafraîchir le corps avec de l’eau, vomir ?

Voici la réponse de Sheikh `Atiyyah Saqr

Concernant le jeûne, Allâh - Exalté soit-Il - dit : « Cohabitez donc avec elles [vos épouses], maintenant, et cherchez ce qu’Allâh a prescrit en votre faveur ; mangez et buvez jusqu’à ce que se distingue, pour vous, le fil blanc de l’aube du fil noir de la nuit. Puis accomplissez le jeûne jusqu’à la nuit. »
[2] Il est aussi rapporté que l’un des Compagnons du Prophète - paix et bénédictions sur lui - lui dit : « Je suis ruiné ! » « Pourquoi ? », demanda le Prophète - paix et bénédiction soientccsur lui. L’homme répondit : « J’ai eu une relation sexuelle avec mon épouse pendant une journée du Ramadân ». Le Prophète - paix et bénédictions soient sur lui - lui enseigna alors comment expier cette faute.

Le verset et le hadith précédents indiquent que jeûner signifie s’abstenir de nourriture, de boisson et de relations sexuelles. Ainsi l’accomplissement de l’une de ces actions invalide le jeûne. Les juristes sont d’avis, de manière unanime, que celui qui commet l’un de ces trois actes doit rattraper son jour de jeûne, car cela est considéré comme une dette, et « une dette due à Allâh mérite davantage de considération » comme il est rapporté dans un hadith authentique.
De plus, avoir une relation sexuelle nécessite une expiation majeure, c’est-à-dire affranchir un esclave. Si le musulman n’en est pas capable, il doit jeûner deux mois consécutifs. S’il en est toujours incapable, qu’il nourrisse soixante pauvres.

Cependant, les savants ont divergé sur la définition exacte des termes « nourriture » et « boisson ». Certains sont d’avis que ces termes désignent tout ce qui pénètre l’intérieur du corps d’un individu. Ils divergent aussi sur la compréhension du terme « tout » ; ils se demandent s’il faut le prendre dans son sens général ou s’il désigne quelque chose en particulier, comme la nourriture ou le fait de satisfaire son appétit charnel. Il y a aussi divergence sur la signification du terme « intérieur » : signifie-t-il l’estomac qui reçoit la nourriture et la boisson ? Désigne-t-il toute partie du corps invisible de l’extérieur ? Ou alors les organes chargés d’assimiler la nourriture et les médicaments ? Ainsi, certains soutiennent que se mettre le doigt dans l’oreille invalide le jeûne. À l’inverse, d’autres pensent que lorsque la nourriture atteint le corps sans passer par un orifice naturel, à l’aide d’une seringue par exemple, le jeûne n’est pas invalidé. D’autres font remarquer la chose suivante : si une substance atteignait la gorge par dessous les cheveux, à travers les pores, le jeûne serait-il invalidé en dépit du fait que cette substance aurait emprunté un canal non conventionnel ? D’autre part, certains avancent qu’insérer une seringue dans l’urètre n’annule pas le jeûne, même si ce dernier est un orifice naturel. Ne tenant pas compte de la vraie signification du jeûne et en généralisant le concept de nourriture à des éléments éloignés du sens littéral et coutumier du terme, ces juristes ont émis ces avis aussi divers et variés.

Toutefois, parmi toutes les opinions des juristes célèbres, j’opte pour les avis suivants :

Le jeûne n’est pas annulé lorsque l’on met ses doigts dans ses oreilles, ou en les nettoyant à l’aide d’un coton-tige ou à l’aide d’une solution, car rien ne peut dépasser les tympans et arriver à la tête, qui de toute façon, n’a pas vocation à recevoir la nourriture et à nourrir le corps.

Le jeûne n’est pas rompu par les examens vaginaux, ni celui des hémorroïdes ou des amygdales à l’aide d’une cuillère ou d’un instrument de ce genre.

Un lavement (au sens médical du terme) n’invalide pas le jeûne à moins que l’instrument n’atteigne l’estomac.

Le jeûne n’est pas invalidé par les injections intraveineuses, intramusculaires ou sous-cutanées, car elles ne procurent pas la nourriture et la boisson de nature à satisfaire la faim et à étancher de la soif.

Par contre, les injections d’éléments nutritifs comme le glucose par exemple, sont considérées comme de la nourriture et annulent donc le jeûne. Celui qui reçoit ce genre d’injections peut se passer de nourriture car ces injections ont le même effet que la nourriture. Cela s’explique par le fait que lorsque la nourriture est digérée et assimilée, elle apporte au corps tout ce dont il a besoin grâce à la circulation sanguine. Ainsi, la nourriture peut être directement injectée dans le sang sans passer par le canal alimentaire conventionnel.


Se rafraîchir le corps avec de l’eau fraîche ou se gargariser n’invalide pas le jeûne car on a vu le Prophète - paix et bénédictions sur lui - verser de l’eau sur sa tête alors qu’il jeûnait, pendant une période de grande chaleur. Ce récit a été rapporté par Ahmad, Abu Dawûd et An-Nasâ’î. En effet, lorsqu’on se rafraîchit le corps, l’eau n’atteint pas l’estomac. Le but étant simplement de réduire la transpiration pour retenir l’eau dans le corps et réduire la soif qui s’ensuit.


Concernant le vomissement, il est rapporté que le Prophète - paix et bénédictions sur lui - a dit : « Quiconque n’a pu s’empêcher de vomir, n’a pas à recommencer son jeûne, tandis que celui qui l’a fait intentionnellement doit le refaire. » Les juristes définissent le vomissement comme étant la sortie des substances contenues dans l’estomac à travers la bouche. Si celui-ci est accidentel, le jeûne n’est pas rompu. S’il a été provoqué délibérément, le jeûne doit être renouvelé.

19 juillet 2009

Hommage aux victimes du crash de l'Airbus A310 de Yemenia

Ci après le discours que j'ai prononcé le samedi 4 juillet 2009, en ma qualité de Coordinateur de la Diascom Rhône-Alpes lors de la cérémonie de recueillement, organisée par la Diascom et la communauté comorienne du Rhône-Alpes au stade des Iris à Villeurbanne


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Messieurs les Députés,
Monsieur le Vice Président du Grand Lyon,
Monsieur le Vice-président du conseil général du Rhône,
Messieurs les Maire,
Mesdames, Messieurs les élus,
Honorable assistance
Les comoriens sont en deuil.
La communauté comorienne de France est touchée au plus profond de son âme.
Le drame douloureux qui s’est produit dans la nuit du 29 au 30 juin 2009 au large des côtes comoriennes et qui nous rassemble ici aujourd’hui, nous plonge, tous, dans une profonde tristesse.

Cet accident a décimé des familles entières.
Certains villages ont perdu jusqu'à 30 personnes d'autres, une dizaine, 8, 7, cinq etc.….
Au total 152 personnes - (longue vie à Bahia)- 152 personnes sont portées disparues.
Par vos présences ici parmi nous honorables élus, la France témoigne de sa forte compassion.
Merci.
Honorables assistance, la douleur est très profonde à chaque fois que nous pensons aux 152 personnes qui ont perdu la vie, dans ce tragique accident de l’Airbus A310 de la compagnie Yemenia Airways.
Sachez que 152 personnes sur un total des 700 000 habitants que comptent aujourd'hui les Comores, c'est énorme.
Chacun de nous dans la diaspora comorienne a perdu un membre de la famille, un ami, une connaissance, un collègue ou simplement l'ami d'un ami.
Je pense à la commune de Rillieux-la-Pape qui a perdu 2 de ses administrés dans le crash de cet avion, madame Abdou et sa fille Sohane.
Je pense à Hadidja, cette jeune femme active, présente partout dans les festivités et rencontres comoriennes du quartier de Gerland qui n'a pas eu le temps d'intégrer l'appartement qu'elle venait d'avoir après plusieurs mois d'attente.
Je pense aussi à cette femme de Vénissieux à qui on vient d'accorder sa carte de séjour, après dix ans de clandestinité. Son premier rêve était de rendre visite à sa famille laissée au pays.
Je pense aussi à ma cousine Thama Abdounour d'Itsandra Mdjini qui a perdu dans ce tragique accident ses deux fils et son frère El-hadad Abdounour lui-même accompagné de son fils Elhad Abdounour de 2ans.
Je pense à ma chère sœur et voisine de Tsidjé accompagnée de ses 2 jeunes enfants,
je souhaite beaucoup de courage à mon frère et ami AGOGO.
"Puisque c’est à moi qu’il échoit le triste honneur de me faire l’interprète des sentiments profondément attristés de la communauté comorienne, je voudrais que vous vous joigniez à moi pour adresser nos sincères condoléances aux familles des victimes.
Que l’expression de notre profonde sympathie franchisse les frontières pour parvenir à leurs proches, là-bas aux Comores. Je voudrais que nous ayions une pensée particulière pour celles et ceux qui, ici présents, sont durement touchés par
cet insoutenable catastrophe."
Le plus triste dans ce malheur c'est que ce drame était prévisible.
Chacun de nous, après avoir embarqué dans les A310 de Yemenia airways à partir de Sanaa vers Moroni a craint de sa vie à un moment donné.
Mesdames, Messieurs, la sécurité faisait défaut à cette compagnie.
Nous ne pouvons pas aujourd'hui omettre qu'il y a environ un an, les comoriens de France et les français d'origine comorienne se sont constitués en un collectif dénommé SOS VOYAGES COMORES dans un objectif de rendre les vols de cette compagnie sûrs à un prix attractif. (Oui, prix attractif, car, contrairement à ce que disent les mauvaises langues, elles font croire que les vols yemenia à destination des Comores étaient des vols low cost). Non, le prix du billet en haute saison atteignait les 1400euros.
Ce collectif, a désigné une délégation qui est partie aux Comores rencontrer les autorités comoriennes ; cette délégation est allée même à Sanaa, au Yemen, elle est rentrée bredouille.
Au nom de la Diascom,
Mesdames et messieurs les élus, Honorable assistance,
je demande, par votre intermédiaire, à Monsieur Nicolas Sarkozy Président de la République qu'une commission d'enquête soit constituée afin :


  • que la lumière soit faite sur ce drame,

  • que les 152 disparus ne le soient pour rien,

  • que les comoriens de France et les français d'origine comorienne trouvent leur dignité partout dans le monde


Je vous remercie.



03 avril 2009

Mayotte : de 1958 à 2009, un article de Mayotte Hebdo

50 ans de combat pour Mayotte française

1 mai 1958L'assemblée territoriale des Comores vote une motion demandant le transfert de la capitale de Dzaoudzi à Moroni.

Au Congrès de Tsoundzou mené par Marcel Henry, Younoussa Bamana, Georges Nahouda, en réaction contre cette décision, la population mahoraise se prononce pour la rupture avec les Comores et en faveur de la départementalisation.

2 août 1966

Révolte des femmes guidées par Bouéni M'titi, Zaïna Méresse et Zéna M'déré, qui manifestent devant la résidence du conseil du gouvernement. Création du Mouvement populaire mahorais, les principaux leaders que sont Marcel Henry, Zéna M'déré, Ibrahim Bacar et Younoussa Bamana, prêtent serment de fidélité pour la vie à la cause séparatiste mahoraise et au maintien de l'île dans la République française.

2 décembre 1972

La chambre des députés des Comores exprime le vœu qu'une délégation du territoire étudie avec le gouvernement de la République française les conditions d'accession des Comores à l'indépendance "dans la coopération et l'amitié avec la France".

Mai 1973

Ouverture des pourparlers à Paris sur les modalités de l'accession des Comores à l'indépendance.

11 novembre 1973

Emprisonnement de Younoussa Bamana, représentant de Mayotte à la chambre des députés des Comores.

2 octobre 1974

Le MPM demande le droit à l'autodétermination de Mayotte.

14 novembre 1974

Le Parlement français adopte le projet de loi organisant le référendum, les résultats seront connus île par île.

22 décembre 1974

Référendum d'autodétermination des Comores, sur l'ensemble de Mohéli, Anjouan et Grande Comore, 94,94% se prononcent pour l'indépendance. A Mayotte, 65,3% se prononcent pour le maintien du territoire au sein de la République.

25 juin 1975

L'Assemblée nationale examine le projet de loi portant ratification des résultats du référendum. Ce projet doit être soumis au référendum avant la proclamation de l'indépendance et devra être adopté île par île.

6 juillet 1975

Proclamation unilatérale de l'indépendance des Comores par Ahmed Abdallah, les élus mahorais dénoncent une décision illégale.

3 août 1975

Ali Soihili renverse le président Ahmed Abdallah.

21 novembre 1975

La "marche rose" : Ali Soihili débarque à Mayotte avec une cinquantaine d'hommes non armés. La population mahoraise se rend massivement à l'aéroport pour empêcher l'atterrissage d'un 2e avion soupçonné d'amener un détachement armé.

8 février 1976

Consultation de la population mahoraise : 99,42% choisissent de demeurer au sein de la République française.

11 avril 1976

Deuxième consultation pour le maintien ou l'abandon du statut de Tom, environ 80% se prononcent pour l'abandon au profit du statut de Dom.

22 décembre 1979

Une loi réaffirme l’ancrage de Mayotte dans la République française en stipulant que "l'île de Mayotte fait partie de la République française et ne peut cesser d'y appartenir sans le consentement de sa population".

27 janvier 2000

L'Accord sur l'avenir de Mayotte est signé au nom de l'État par le Secrétaire d'État à l'Outremer avec le président du conseil général et les principaux partis politiques de l'île.

2 juillet 2000

Conformément aux engagements pris, la population de Mayotte est consultée et se prononce à 72,94% pour cet accord et devient Collectivité départementale, avec 10 ans pour se préparer.

29 mars 2009

Les Mahorais se prononcent à 95,2% des voix pour le statut de département d'Outremer.

05 février 2009

Comores, la tournante doit tourner, et c’est au tour de Mohéli

Encore une fois, les comoriens sont appelés aux urnes. Un projet de loi sur la réforme constitutionnelle est soumis à référendum le mois prochain cette réforme constitutionnelle porterait sur la modification pure et simple de la constitution fraîchement adoptée en décembre 2001. Elle aurait comme objectif de réduire le nombre d’échéances électorales, alléger l’architecture institutionnelle de l’Etat, porter ainsi la durée du mandat présidentielle à un quinquennat non renouvelable. Vu de cet angle, nul ne semble s’opposer à ce projet. Chacun veut applaudir des deux mains, cela va de l’intérêt de la nation comorienne. En revanche, ce qui pose problème, c’est la question suivante : pourquoi maintenant ?

En effet, malgré l’intérêt que peut porter un tel projet, cette réforme si elle est adoptée aura la fâcheuse conséquence de porter encore pour cinq ans, le Président Sambi à la tête de l’état. (Cf. l’article 17 de l’avant projet de loi). Ce qui lui fera un total de 8 voire de 9ans au pouvoir, sans discontinuer, car, il a été précisé par ce même article 17 : « une proposition de calendrier sera soumise au vote de l’Assemblée de l’Union ». Cela veut dire, qu’un calendrier va être soumis à l’assemblée de l’Union soit tout de suite après l’adoption, soit au terme du mandat en cours. En d’autres termes, le Président Sambi pourra organiser sa réélection, en même temps que les Gouverneurs, immédiatement après l’adoption de la réforme constitutionnelle ou attendre la fin de son mandat en cours pour organiser sa réélection auquel cas, on va devoir supporter le Foundi jusqu’à en mai 2015.

Ensuite, conformément à la constitution que nous avons adoptée en 2001, la tournante doit tourner. Tout et chacun sait que nous traversons une période très sensible.
« Chat échaudé craint l'eau froide ». Nous devons nous abstenir de tout acte ou parole devant créer une autre crise politique. Modifier cette constitution maintenant risque d’attiser le séparatisme encore en veille dans nos esprits et détruire la fragile réconciliation que nous ne connaissons que depuis moins de un an. Rappelez vous qu’en 1997, les mohéliens avaient, eux aussi, hissé le drapeau français. N’oubliez pas non plus, que ce n’est qu’au mois de mars 2008 que nous avons, des deux mains, acclamé le Président Sambi pour avoir libéré Anjouan. Il serait inconvenant aux yeux de tous, y compris la communauté internationale, qu’à la date anniversaire, les Comores entrent à nouveau, dans une autre crise séparatiste avec l’île autonome de Mohéli. Il faut noter d’ores et déjà, que lors d’un grand rassemblement tenu ce week-end pour dénoncer « toute révision de la constitution », les hommes politiques de Mohéli, menacent de faire sécession s'ils n'obtiennent pas gain de cause. Il serait par conséquent raisonnable, au Président Sambi, d’annuler ce référendum. L’expérience sur la tournante doit passer par Mohéli.

Enfin, il convient de se demander pourquoi, encore une fois, Sambi souhaite appeler les comoriens aux urnes ce mois de mars ?

- Serait-ce pour détourner l’attention du comorien sur le référendum qui aura lieu à Mayotte sur la départementalisation de notre île sœur ?
- Cette mascarade serait-elle le fruit des termes tenus entre les Présidents Sambi et Sarkozy le 28 septembre 2007 ?
- Serait-ce pour occulter les élections législatives d’Avril 2009. Ce qui aurait comme conséquence de by-passer le parlement de l’Union et ainsi pouvoir régner sans partager ?

Ce qui mérite d’être rappelé, c’est que lors de la rencontre de septembre 2007 entre les deux présidents Sarkozy et Sambi, il a été décidé officiellement qu’ensemble ils allaient maintenir la question de Mayotte dans un cadre bilatéral et poursuivre avec détermination le dialogue approfondi relancé entre les deux pays. Mais qu’avons-nous vu venir ? La naissance du GTHN, poudre aux yeux que nous a lancée Yves Jégo, Secrétaire d’Etat français à l’Outre mer. Sambi serait-il le complice de la France sur le projet de la départementalisation de Mayotte ?

Comme disait un de nos illustres et anciens Présidents le Guide de la Révolution, Ali Soilih, « l’histoire est le seul juge », j’espère que nous n’aurons pas à poursuivre le Président Sambi pour haute trahison.

10 janvier 2009

Small states dans les relations internationales : le cas de Mayotte

Saïd Hamidou ALLAOUI
Objet : Lettre ouverte au président Sarkozy
Lyon, le 10 janvier 2009
Monsieur le Président,
A votre élection en mai 2007, vous êtes apparu aux yeux de nombreux africains comme étant l’homme qui allait rompre définitivement avec la politique de la Françafrique.
Le discours de Dakar du 26 juillet 2007 devenu célèbre depuis (pour d'autres raisons), et celui du Cap en Afrique du Sud du 28 février 2008 étaient à chaque occasion cités en exemple dans nos milieux. Ces deux discours devraient marquer la fin d’une époque, l’époque de la colonisation, l’époque de la Françafrique pour entrer dans une nouvelle ère, l’Eurafrique.
Cependant, Monsieur le Président, les comoriens ne sont plus convaincus que l’ère de la Françafrique est terminée, et que la néocolonisation est révolue.
En effet, vous organisez le 29 mars prochain un référendum à Mayotte en vue de départementaliser cette île et la rendre française définitivement. La France d’aujourd’hui aurait-elle besoin de cela ?
Vous savez, Monsieur le Président que ce référendum aura plusieurs conséquences que vous ne pourrez ignorer. Le remettre à plus tard aurait été la solution la plus sage. Elle aurait permis d’apaiser les tensions politiques qui existent entre la France et les Comores, ainsi que les tensions sociales qui surgissent à l’intérieur de l’archipel, au point que des grands comoriens exigent de leurs frères anjouanais résidants à Moroni, une carte de séjour. C’est comme si on demande à un bourguignon de posséder une carte de séjour en Bretagne. Concevez Monsieur le Président que la situation est dramatique.
De tels dérapages commencent à se normaliser et à prendre forme. La raison n’est nullement pas loin. Les comoriens, natifs de (ou résidants à) la grande Comore, Anjouan et Mohéli sont considérés comme étant des clandestins chez eux, à Mayotte.
Je ne pense pas, Monsieur le Président, que vous voulez marquer l’histoire du XXI ème siècle comme étant un colonisateur qui transforme un désaccord historique en la départementalisation de l’île comorienne de Mayotte (une recolonisation).
Père fondateur de l’Eurafrique, à la tête de laquelle vous construisez l’Union Méditerranéenne, je vous cite, « pivot de l’Eurafrique, la première étape du plus grand rêve de paix et de prospérité qu’Européens et Africains sont capables de concevoir ensemble ».
Vos intentions de faire de la France un hégémon régional à défaut de détenir l’hégémonie globale « virtuellement impossible pour quelque Etat que ce soit » selon Mearsheimer, sont louables. Mearsheimer est persuadé que « la situation idéale pour toute grande puissance est d’être le seul hégémon régional dans le monde. » La France a la capacité de détenir une hégémonie régionale dans l’Océan Indien voire de l’Afrique de l’Est, sans une présence à Mayotte.
La France n’a pas besoin d’être un colon pour dominer le monde au XXIème siècle encore moins à Mayotte, cette minuscule île perdue dans l’océan indien.

Ce serait entaché sa politique extérieur déjà grisée par le nombre de morts tués par le visa Balladur (C’est comme cela qu’on les appelle).
Ce serait couvrir en son sein un centre de rétention dénoncé par les médias ce mois de décembre 2008 comme inhumain et condamné par Amnesty International, un centre de rétention aux conditions de vie déplorables indignes à la France, pays de droits de l’homme.
Monsieur le Président,
Je ne vais pas citer les nombreuses résolutions de l’Organisation des Nations Unies comme toutes les autres autorités comoriennes qui les évoquent continuellement sur toutes les tribunes, y compris celle des Nations unies, condamnant la présence de la France à Mayotte. La France restera insensible à ces condamnations, car en matière de relations internationales, la France n’est surplombée par aucune autorité supérieure. Je reconnais qu’il n’existe aucun gouvernement mondial capable d’imposer des règles que les grandes puissances comme la France ne puissent transgresser.
Mais permettez moi Monsieur le Président de jeter un regard sur les actions menées par la présidence française à l’Union Européenne, durant sa mandature. N’a-t-elle pas œuvré pour la paix en Géorgie poussant la Russie hors des frontières évitant ainsi une guerre sanglante de plusieurs mois ? N’est–ce pas la même France sous votre présidence qui a poussé la Russie à reconnaître l’indépendance de l’Ossétie le 26 août 2008 ?
Y a-t-il dans la politique étrangère de la France deux poids deux mesures ? La politique de la France face à l’Europe, et la Politique de la France face à l’Afrique ?
Monsieur le Président,
J’ai cru comprendre à travers le discours que vous avez prononcé à Dakar le 26 juillet 2007 que : « ce que la France veut faire avec l’Afrique, c’est le co-développement, c’est-à-dire le développement partagé. » et non la colonisation de l’Afrique. « La France veut avec l’Afrique des projets communs, des pôles de compétitivité communs, des universités communes, des laboratoires communs. Ce que la France veut faire avec l’Afrique, c’est élaborer une stratégie commune dans la mondialisation ». Mais la départementalisation de Mayotte, n’est-elle pas une colonisation d’une partie de la terre comorienne ?
Monsieur le Président,
Dans votre Discours au CAP en Afrique du SUD le 28 février 2008 vous affirmiez que la France se trouve dans « une situation où notre engagement politique, militaire ou économique aux côtés de l’Afrique est perçu par beaucoup non comme une aide sincère, mais comme une ingérence coloniale ; mais où dans le même temps, une indifférence, un retrait ou une absence d’engagement nous sont reprochés comme un abandon ou une ingratitude ». Si les africains ressentent en général, une telle ingratitude, la raison vient certainement de la politique extérieur de la France.
Monsieur le Président
Examinons la question de Mayotte sur un aspect théorique en matière de relations internationales, (choc des civilisations) le professeur Samuel HUNTIGTON écrivit : « les grandes causes de division de l’humanité et les principales sources de conflits seront culturelles (…), les principaux conflits politiques mondiaux mettront aux prises des nations et des groupes appartenant à des civilisations différentes ». N’instaurez pas, Monsieur le Président, une civilisation à Mayotte différente de celle des îles sœurs. Ne soyez pas celui qui serait à l’origine des conflits politiques futurs entre les mahorais et les habitants des autres îles comoriennes de l’archipel ou même des comoriens entre eux.
Rappelez-vous que la population est une donnée géographique et démographique, dans le sens où elle constitue l’ensemble des habitants qui vivent et travaillent sur le territoire d’un Etat. C’est aussi une notion juridique en tant qu’élément constitutif de l’Etat. En dernier lieu, la notion de population revêt un aspect identitaire et historique, facteur de stabilité ou d’instabilité pour les Etats.
Monsieur le Président,
Permettez-moi de vous citer dans votre discours, lors de la 62ème Assemblée Générale des Nations Unies à New York, le 25 Septembre 2007 : "Il n’y aura pas de paix dans le monde si la communauté internationale transige avec le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et avec les droits de l’homme. Il n’y aura pas de paix dans le monde sans le respect de la diversité, sans le respect des identités nationales, sans le respect des religions et des croyances, sans le respect des cultures". Balayons devant notre porte, Monsieur le Président.
Il n’y aura pas de stabilité aux Comores, il n'y aura pas de développement aux Comores, ni de codéveloppement entre Mayotte et les Comores, tant que Mayotte restera française car le niveau de vie des mahorais sera toujours élevé et Mayotte restera aux yeux des comoriens l’Eldorado. Les comoriens, à la recherche d'une vie meilleures, iront par conséquent toujours périr en mer. Et la France va devoir multiplier autant des centres de rétention comme celles que Yves Jégo promet aux autorités mahoraises ; la France va devoir multiplier les espaces pour en faire des fosses communes ; le visa Balladur et la départementalisation de Sarkozy continueront de tuer.
Parce que l’histoire des relations internationales a très souvent été liée aux revendications identitaires de nations, des peuples, de groupes ethniques religieux. La notion de population ne peut pas se définir uniquement par rapport à des critères juridiques, la nationalité
Parce que « les frontières reconnues aujourd’hui par le droit international ne sont pas naturelles, mais résultent de la conjonction de la géographie et de l’histoire »
"Parce que la France souhaite l’unité de l’Afrique, car l’unité de l’Afrique rendra l’Afrique aux Africains". Nicolas Sarkozy, le 26 juillet 2007 à Dakar
Parce ce que "Ce que la France veut faire avec l’Afrique, c’est une politique d’immigration négociée ensemble, décidée ensemble pour que la jeunesse africaine puisse être accueillie en France et dans toute l’Europe avec dignité et avec respect" Nicolas Sarkozy, le 26 juillet 2007 à Dakar
Parce que "Ce que la France veut faire avec l’Afrique, c’est une alliance de la jeunesse française et de la jeunesse africaine pour que le monde de demain soit un monde meilleur". Nicolas Sarkozy, le 26 juillet 2007 à Dakar
Je vous suggère, Monsieur le Président de sortir de cette impasse politique
  • en adoptant une politique courageuse face aux élus mahorais ;
  • en mettant en place une commission franco-comorienne devant adopter une résolution appelant la France et les Comores à observer un moratoire d’une vingtaine d’année. Il reviendra aux comoriens pendant ce temps de relever les trois îles sœurs à un niveau de développement acceptable par les mahorais, rattraper les huit ans de retard qu’ils ont accusés ;
  • en exigeant des autorités comoriennes le renforcement de leurs frontières autour des quatre îles ;
  • en supprimant le visa Balladur cause de plusieurs décès en mer
Monsieur le Président,
Vous l’avez dit à Dakar, en juillet 2007 "Ce que la France veut faire avec l’Afrique, c’est le co-développement, c’est-à-dire le développement partagé. (…) Ce que la France veut faire avec l’Afrique, c’est élaborer une stratégie commune dans la mondialisation"
Mais en ce qui concerne les Comores, il n’y aura pas de co-développement tant que de l’autre côté de la mer, à Mayotte, à 70 kilomètres de là, il y a l’espoir.
La force vive de la nation comorienne cherche par tous les moyens à s’échapper. Elle ira mourir en mer.
Les jeunes comoriens ne cherchent pas à construire une vie dans leur pays. On les entend jurer qu’un jour où l’autre ils rentreront à Mayotte. Ils iront mourir en mer.
Les autres qu’on a reconduits aux frontières sont persuadés que la prochaine fois sera la bonne. Ils iront mourir en mer
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président de la République française, l’expression de mon plus profond respect.
Saïd Hamidou ALLAOUI
Président du Club ULEZI

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