A
Madagascar, la candidature d’Andry Rajoelina divise la classe politique Elle
perturbe la sortie de crise de la Grande île. Si lui ou Mme Lalao Ravalomanana
(la femme de Marc Ravalomanana) ou encore Didier Ratsiraka devait être élu à la
prochaine élection présidentielle prévue pour le 24 juillet prochain, il mettra
Madagascar à dos des institutions internationales.
En effet, à l’instar de
la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), l’Union Africaine requiert
une « action de sauvetage du
processus électoral » à Madagascar. Elle rappelle l'un des principes
contenus dans la Charte de la démocratie : « toute personne ayant
contribué à un changement anticonstitutionnel de gouvernement ne peut
participer aux élections ». L’union européenne a, elle aussi exprimé,
« sa préoccupation ».
Le
conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’UA estime en effet très regrettable
qu’Andry Rajoelina n’ait pas honoré son engagement solennel à ne pas se présenter
à l’élection présidentielle car il s’expose à toutes les sanctions. Il feint d’ignorer les dispositions de l’article 25
(4) de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance
et « le paragraphe 6 (i) de la décision Assembly/AU/Dec.269(XIV) Rev.1
adoptée par la 14ème session ordinaire de la Conférence de l’Union tenue à
Addis Abéba, du 31 janvier au 2 février 2010, qui stipulent que les auteurs
d’un changement anticonstitutionnel de Gouvernement ne peuvent pas participer
aux élections organisées pour la restauration de l’ordre constitutionnel. Ils
ne doivent pas, non plus occuper des postes de responsabilité dans les institutions
politiques de leur État.
La
Cour électorale spéciale (CES) qui a validé la candidature d’Andry Rajoelina et
des deux autres personnalités – en l’occurrence Lalao Ravalomanana et Didier
Ratsiraka – est elle aussi pointée du doigt, pour ne pas dire condamnée par le
CPS de l’UA. Le Conseil est persuadé que la CES a pris une mauvaise décision en
validant des candidatures illégitimes. Pire, il
estime que « cette décision viole le droit interne de Madagascar
applicable en l’espèce ». Dans un communiqué en date du 20 mai dernier, le
porte-parole du SG de l’ONU condamne la candidature de ces trois personnalités.
Le
Secrétaire Général de l’ONU Ban ki moon
estime que la validation de ces candidatures par la Cour électorale spéciale
est une violation de l’esprit de la feuille de route. Le porte-parole du
Secrétariat des Nations unies précise que l’appui des Nations Unies au processus
électoral est conditionné par la totale adhésion de toutes les parties à la
feuille de route qui est l’unique cadre pour la restauration de l’entière
légitimité du gouvernement de Madagascar. En d’autres termes, l’ONU met en jeu
également la reconnaissance du gouvernement de transition issu de la feuille de
route en plus du fait qu’il peut suspendre lui aussi son financement du
processus.
Le Secrétaire général de la Francophonie
appelle tous les acteurs de la crise malgache à revenir sur l’application de la
Feuille de route. Il leur demande de respecter la lettre et l’esprit de leurs
engagements. Il appuie la demande de la troïka de l’Organe de la Communauté de
développement de l’Afrique australe (SADC) exprimée le 10 mai dernier pour un
retrait des candidatures de Andry Rajoelina, de l’ancien Président Didier
Ratsiraka, et de Mme Lalao Ravalomanana. Il partage également l’appel
lancé par le Conseil de Paix et Sécurité de l’Union Africaine lors de sa
réunion du 16 mai 2013 pour trouver une solution à la crise.
En
tout cas, le CPS de l’UA réitère ses multiples appels aux parties malgaches à
faire preuve d’esprit de responsabilité et à prendre des mesures contre tous
ceux qui tenteraient de saper la feuille de route et d’entraver les efforts en
cours pour des élections crédibles, justes, transparentes et acceptées par
tous.
Au vu de toutes ces condamnations les malgaches peuvent-il organiser
des élections présidentielles au risque de voir tous les efforts consentis pour
sortir d’une crise politique qui ronge le pays depuis plusieurs années en une
nouvelle crise devant plonger le pays dans le K.O. ? Andry Rajoelina,
le président de la transition, semble ne pas y croire comme beaucoup que le
scrutin ne pourra pas avoir lieu le 24 juillet.
Affaire à suivre …
Mbouss Ali ISMAÏL
Saïd Hamidou ALLAOUI